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2017-12-01 |
cr, conférence, crihn, mécanologie, archéologie des médias |
Retracer la mécanologie
Projet sur lequel travaille avec un collègue York depuis 2012, depuis un financement qui se termine l’année prochaine. Projet de livre.
Replacer la mécanologie dans une généalogie des courants de recherche qui valorisent la technologie dans leur méthodologie.
Autour de 2010, 2011 le moment Simondon. Collègue ayant organisé un colloque sur lui en France. Création des cahiers Simondon, travaux de Stiegler et Latour. Brian Massouni ici idem.
De ce côté de l’Atlantique beaucoup de chercheurs voulant lire Simondon, mais pas de traduction du Mode d’existence des objets techniques paru en 1958. Ce qui faisait dire à Latour qu’un livre aussi célèbre que peu lu.
Recherche dans Google à cette époque permettait cependant de trouver un document sur le site de Duke university, une traduction tapuscrite des deux premiers chapitres en anglais. Une préface de John Hart, traduit université de Western Ontario, tout près de là où était à Waterloo. S’est donc demandé qui pouvait s’intéresser à ce monde là dans les années 80.
Dans les mêmes années un autre document qui a refait surface, une entrevue de Gilbert Simondon à Jean Lemoine en 1968 intitulé Entretien sur la mécanologie. Jean-Luc Barthélemy qui a remis la main sur le dit documentaire, numérisation BANQ et deux visionnements publics à Paris et Montréal. Jean Lemoine qui dans les années 60s s’intéresse à Simondon, encore une fois un québécois et une relation à expliciter.
Question de savoir pourquoi des canadiens s’intéressent à cette époque à Simondon. Aurait sans doute pu retracer très vite la question si John Hart 1923-2002, et Jean Le Moyne 1913-1996 avaient été professeurs de philosophie dans des grandes université.
Recherches sur John Hart permis de réaliser que le fondateur et directeur du département d’informatique et peu publié dans sa carrière. Le Moyne travaillé au gouvernement Trudeau. Ouvrage publié sans lien évident avec la philosophie de la technologie mais pas possible de savoir même si ces deux individus se connaissaient.
En suivant leur trace a réalisé que la mécanologie allaient pour eux bien au-delà de la lecture de Simondon. Pour nous aujourd’hui un terme très associé à la pensée de Simondon, mais s’est aperçu qu’un courant mis en place par ces deux acteurs qui dépassaient largement Simondon. Ils la pensaient comme une science des machines, différentes de celle des ingénieurs, qui aux côtés des sciences sociales se poserait la question de l’existence des machines auprès des autres sciences. Un caractère normatif.
Se rencontrent en 1965, serie de projets importants. 1967 sur Radio Canada série la Cybernétique et nous. 1968, Jean LeMoyne qui travaillait à l’OFN Montréal propose trilogie sur la machine dans laquelle organisée entretien de Simondo. Colloque sur la Mécanologie en 1971, où retrouve Candilhem, Simondon, etc. Télégramme de Trudeau, Unesco, etc.
1974 John Hart obtint une subvention pour fonder centre, et fondation de la Mechanology press 1974. Dans ce cadre traduction Simondon.
Murray Favro 1974, volonté de créer un mouvement artistique en lien à la mécanologie en opposition avec McLuhan. En 1982, Le Moyne travaille trilogie bachelardienne Itinéraire mécano logique publiée aux Écrits du Canada français.
Depuis 2012 documenté ce projet avec des archives privées et public et s’est interrogé pourquoi étrangement si peu présent ou visible dans l’histoire intellectuelle du Canada.
A aussi réalisé que la plupart de ces projets là se sont soldés par des échecs, des culs de sac. Films de ONF jamais terminé, traduction par finie, itinéraires mécano logiques seulement quelques chapitre. Jamais eu de momentum malgré ensemble de ces projets.
Résistances que la mécanologie va vivre dans les années 60 sans doute symptomatique d’une rupture qui intervient dans le discours entre machine et pensée. Cybernétique ayant payé le prix. La Machine est un terme qui devient daté dans les années 60, commence à remplacer la famille des objets techniques par d’autres opérateurs conceptuels comme technologie et média.
Exposition au Moma 1969, The Machine telle que vue à la fin de l’âge mécanique. Annonçait déjà la fin de la période. Déjà technologie pour décrire ce champ d’étude, pourquoi avoir besoin de mécanologie.
Si veut expliquer l’échec de ce courant, peut le penser sous la forme d’un anachronisme. Anachronisme double car arrive trop tard, et en déclin. Pour Philippe Breton dès les années 50 mot imprononçable. Pourrait être anachronique car arrive trop tôt par rapport à certaines méthodes. Drame des précurseurs d’être hors du temps où sens où proposent des idées alors que le public pas encore suffisamment mûr. Épistémologie du faire ou de la technique qui animent beaucoup aujourd’hui.
Quel est le projet des mécanologues. Se le demande aussi, jamais réussi à articuler ce dont parler. Une science sociale, un collège secret, etc. Eux-mêmes pas réussi à mettre le doigt sur quelle serait leur intervention en instituant une science des machines.
Ils avaient pris leur intuition d’une science des machines dans petit libre d’un ingénieur JaCques Lafitte, Réflexions sur la science des machines publié en 1932 qui affirmait que besoin d’une science sociale qui s’intéresserait aux machines. Essayent de donner forme à ce projet qui est ouvertement humaniste. À la fin de sa vie John Hart explique que la troisième voie entre la cybernétique trop peu humaniste et McLuhan trop peu philosophique.
Ce qui est étrange dans leur intervention, c’est que tout se fait à l’extérieurs des murs académiques. Pas une école, ni … mais n’arrête pas parler d’une science rationnelle, normative qui va permettre leur intégration culturelle. Même des aspects très religieux. Emmanuel Mounier sera par exemple très intéressé par ce livre de Lafitte.
Ce qui pour nous était une faiblesse va devenir une force. Savoir si pas possible de le voir comme une façon alternative de produire de la connaissance en valorisant le faire plutôt que le dire, et constituant une intuition importante de la mécanologie. Une des raisons pour lesquelles ne trouve pas vraiment d’écrit. Comparer avec McLuhan qui malgré tout son décentrement de la culture littéraire écrit beaucoup. Ici au contraire valoriser le fait qu’utilisent d’autres médias pour produire de la connaissance même si n’arrivaient pas à l’articuler dans un canon académique. Pour nous là que cru voir une forme de créativité.
Dans sa demande de subvention du Conseil des arts du Canada, John Hart voulait créer un centre dans un petit village à Zurich Ontario, POP 876. Voulait par exemple placer enregistreur au centre du village pour enregistrer témoignage des anciens sur travaux agricoles. Collecte des témoignages oraux sur l’utilisation des techniques. En 1974, pas retrouvé les bobines.
Autre projet sur lequel travaillait, un projet dans lequel envisageait de faire des programmes informatiques en n’utilisant non pas des formes textuelles mais de l’écriture pictographique pour permettre à des communautés autochtones d’écrire des programmes. Cite Dérida sur l’écriture.
Du côté de Le Moyne, au près ONF, idée de créer une série de films sur la machine. Ambition de créer un nouveau genre cinématographique, documentaire philosophico pédagogique. Considérait que la mission de l’ONF devait être pédagogique, utiliser le médium du film de manière appropriée pour poétisée la machine et l’humaniser. Budgets à plusieurs millions exemple film sur La Roue sans commentaire technique, montrer les roues pendant 20min en les laissant s’exprimer. Pour lui le film pourrait produire de la connaissance et permettre à la société canadienne de s’approprier une culture technique.
Le Moyne va essayer pendant des années de vendre à l’ONF ce projet là. Cite Simondon et les philosophes. Exemple en 1964 "urgence que nous signalons ne concerne pas particulièrement les directeurs et les cinéastes de l’ONF, elle vise l’ensemble des hommes…" Répondre aux besoins d’une nouvelle société cherchant à s’exprimer par sa propre volonté… Imaginait l’ONF non pas comme simple producteur d’images mais d’imagerie. Fera plusieurs présentations à l’ONF pour que le documentaire scientifique constitue la couleur des productions de l’ONF.
Va pour cela voir Simondon car celui-ci s’intéressait beaucoup dans ses ouvrages au statut de l’image qui avait pour lui un statut de production de connaissance différent que celui du texte. cf. ses ouvrages et ses cours. Rencontre Simondon pour lui demander comment employer le film dans cette problématisation du médium cinématographique.
Le projet de l’ONF ne va pas fonctionner. Ne reste que cette entretien avec Simondon sur trois bobines aujourd’hui sur YouTube.
Pourquoi pour nous est-ce que tous ces projets peuvent être considérés ou replacés comme des intuitions sur des épistémologie que l’on connaît aujourd’hui sur le faire, le tournant matériel. Sans doute pas la pression actuelle sur la production du texte pour produire de la connaissance, mais semble que se détourne vraiment du texte pour produire de la connaissance. Des projets réellement transdisciplinaires, ils ouvrent vraiment la porte à la discussion arts et sciences. Attendre années 80, avec ISTS?? pour que ce courant soit de nouveau ouvert.
Troisième axe, le rôle prédominant de la visualisation et de l’image chez les mécanologues que retrouve chez Simonon comme Jean LeMoyne. Et finalement le projet de démystifier la technique, d’en ouvrir la boite noire, de les désacraliser pour les démystifier.
Question sur savoir comment repris les méthodes pour valoriser ces matériaux.
Échec pas tant parce que hors de l’Université. Voit bien que les milieu les plus innovants en dehors de l’Université. M’a aussi fait pensé à la médiologie dans ce pas de côté à l’égard de l’institution universitaire.
Le fait d’essentialiser cette machine, une causalité directe. Or, avec l’idée de milieu, on est dans des circularités chez Simondon également identifiées par McLuhan, et qui permettent mieux de penser la technique.
Dès lors que mathématise la science possible de travailler sur des modèles, qui continuent de modéliser des mécanisme mais rapidement s’extrait de tout mécanisme. Ondes gravitationnelles, attendu 100 ans pour les observer.
Simondon refusera l’étiquette de mécanologie. En 1971 et dans l’entretien rejette cette étiquette et le concept de machine qui permettrait de rendre compte du fait technique. D’où choix de la notion d’objet technique pour penser le devenir technique.
Texte de 1932 sur lequel se fonde, essentiellement une typologie des machines. Démarche très classique. Lafitte considère que trois types de machines, passives, actives, et réflexes, etc. qui permet de replacer toutes les machines. À la fin du livre dit qu’hésitait à penser terme machine. Car pour lui les machines des extensions de l’être humain. Extension de ses structures cognitives et sociales, et même biologiques.
Pour nous au même moment où McLuhan arrive avec sa théorie médiatique, mécanologues ne semblent pas voir la flexibilité interprétative du terme de machine. Auraient pu en parler en terme métaphorique. Échec sans doute car essentialise la chose. Mais pas aidé en mettant à profit le bouquin qui leur aurait permis d’aller plus loin. Le Moyne fasciné par les machines à vapeur.
Question de l’informatique. Une des résistances par rapport à la mécanologie. En 1971 au colloque se demande si toutes les machines peuvent être reprises par la mécanologie et un des reproches qui leur sera adressé. D’autant plus surprenant que John Hart un des fondateurs du département d’informatique. Semble diviser son travail entre la cybernétique et l’informatique et de l’autre une philosophie de la machine qui serait la mécanologie. Sans doute un défaut de problématisation de l’informatique. Tout le contexte pour eux pour rendre leur intervention humaniste plus pertinente et plus actuelle, mais ne l’ont pas fait.
En ce qui concerne les artistes, John Hart a mobilisé le travail de Murray Favro et quelques autres artistes sur la scène locale en 1974. Quelques expositions. Mais en a discuté avec Favro, pas très important dans sa carrière. Quelques écrits et une exposition mais sans plus.
Tu nous as dit que les mécanologues se détournent du texte, comment allez vous travailler cela ? à la manière des mécanologues. Au départ pensé qu’un devoir de conservation, d’accessibilité. La famille de John Hart deux ans avant qu’arrive sur le terrain brulé les archives. Voyant le matériel disparaître un devoir de conservation. Aussi entré par la voie de l’archéologie médiatique. Rendre ce matériau là accessible dans sa forme analogue et réaliser leur rêve d’exposer en 16mm dans une salle… mais seulement accès aux films numérisés. Voulait faire cela pour pouvoir naviguer dans les archives, question de son organisation. Par personnage, par lieu géographique. Ne voulait pas un narratif très linéaire. A regardé plateforme scalar qui permet de passer par plusieurs points d’entrées. Finalement seulement un site web avec un timeline et un pdf. Certainement un paradoxe dans le fait qu’écrit un livre sur un projet qui valorise le faire.
Machin chose, salut de Gainsbourg. Entrée dans le culturel. Revient vite dans la pensée dans les années 70 avec Deleuze et ses machines de guerre, désirantes. Sachant amitié avec Simondon, peut faire lien. Le Moyne sans doute travaillant pour le studio français. Divergence entre le studio français et le studio anglais. Studio anglais avec McLaren, etc. Dans la mesure où pas de production, ni littéraire ni académique, ni même filmique. Quel sens du projet, apologie de la loose à la canadienne ? Pourquoi les faire ressortir de leur oubli ces gens là ? Bien sûr une idée de troisième voix. Mais quoi qu’on dise de la cybernétique continue de régner et va renaître de ses cendres. Par ailleurs, McLuhan succès qu’on connait. Comment peut avoir succès alors que catho et humaniste !
Dans l’après-guerre, vraiment rupture dans laquelle rejette la machine et l’industriel pour entre dans l’ère informationnelle à plein de niveau. Ce qu’eux essayent la continuité de l’ère industrielle à l’ère moderne. Aujourd’hui sans doute évident, mais permettrait peut-être de remettre en contexte. Pour le livre, bien la question, soit un projet sur projet échoué, abandonné et obsolète. Pas de problème en histoire des technologies. Parika qui dit sauter la clôture et en faire un paradigme et expliquer comment peut permettre de penser autrement aujourd’hui la mécanologie. Mais nous semble que théorie difficilement articulable dans ce cadre là. D’où la question de le replacer dans lignée des épistémologie du faire.
Dysnovation, échec, obsolescence, faillite raté qui intéresse beaucoup aujourd’hui. Car finalement qu’est-ce qu’ils ont réussi à faire, finalement ?
Archéologie des médias, travail sur la philosophie de la pensée. Cf. Busa et crainte lors de la mécanisation de l’index. Savoir dans quelle mesure va changer le sens au-delà de la vitesse dans laquelle est produite. Dans quelle mesure la mécanique transforme l’objet.
Un immense snobisme chez les deux à l’égard de l’Am du N. Francophilie, et philosophie française. Si la tradition française Monnier et Lafitte, comprend qu’aient eu du mal.
Sur la question informatique et ONF
Michael Century
RPI polytechnique institute, Troy
voulait faire sa thèse sur l’algorithme canadien, et retracé toute cette histoire jusqu’à Langlois.
Fait les itw, doctorat sur le sujet (terminé ?)
Unger 1974
Keyframe, né à Ottawa NRC